Enfants, nous jouions tous à “on dirait que…”. Une fois adultes, nous sommes devenus raisonnables et avons mis un couvercle sur notre imagination. Et si on libérait notre imagination pour créer, en vrai, le futur que nous voulons et que nous pensons impossible ? Partout dans le monde, des citoyens l’ont fait : grâce à leur imagination, ils ont transformé une rue de Bristol en terrain de jeu, acquis des terrains à cultiver pour fournir une cantine des Alpes-Maritimes en aliments bio et locaux, créé des assemblées citoyennes en Irlande et à Barcelone et même un bureau de l’imagination citoyenne à Bologne et à Mexico ! L’imagination est en marche !
Le pitch : l’imagination comme planche de salut
Nous vivons dans une société où l’imagination est en déclin :
- Les programmes scolaires sont de plus en plus rigides : on fait ingérer des faits aux enfants et ensuite on mesure leur mémorisation plutôt que de miser sur l’imagination, l’esprit critique et l’apprentissage par le questionnement.
- Dans le monde du travail, il faut aller toujours plus vite et la performance est reine.
- Et dans nos temps de loisir, nous sommes captifs d’écrans qui accaparent toute notre attention et entravent notre imagination.
Or selon Rob Hopkins, c’est justement par l’imagination que l’on peut trouver l’envie et l’élan pour se mettre en mouvement : plutôt que de se dire que le futur qui nous attend est apocalyptique, que l’on ne peut rien y faire, que changer le monde est impossible, il nous invite à imaginer comment cela pourrait devenir possible. Et ça marche ! Pas seulement dans nos têtes : en vrai, partout dans le monde, des femmes et des hommes ont laissé leur imagination les guider jusqu’à créer de nouveaux modèles qui sont tous à notre portée. La force de l’imagination et des récits au service d’une nouvelle réalité.
L’auteur : Rob Hopkins
C’est après avoir passé 2 ans et demi dans un monastère bouddhiste à la fin des années 1980 que Rob Hopkins fait le choix d’adopter un mode de vie plus simple, plus écologique. Il se forme à la permaculture puis l’enseigne dès le début des années 2000. En 2005, il s’installe à Totnes en Angleterre où il cofonde la première ville en transition. Les projets de transition, aujourd’hui au nombre de 2 000 (dont 150 en France), rassemblent une communauté d’habitants qui œuvrent pour assurer la résilience de leur ville face aux dérèglements à venir. L’accompagnement de ces projets a permis à Rob Hopkins d’identifier des pépites, partout dans le monde. Ce sont ces initiatives locales dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’urbanisme ou de la politique qu’il nous partage dans ce livre.
Pourquoi c’est Nouveaux récits ?
L’espèce humaine est une espèce conteuse : nous inventons des histoires qui façonnent notre vision du monde et auxquelles nous croyons dur comme fer. Lorsque nous écoutons une histoire, nous ne sommes pas passifs, notre cerveau s’active, nous “vivons” l’histoire. Les récits ont cette capacité de mettre en mouvement.
Pour engager la transition et surmonter les défis qui nous attendent, ce n’est pas d’information dont nous avons besoin mais de récits. Comme le dit Annette Simmons : « Les gens n’ont pas besoin de nouveaux faits, ils ont besoin d’un nouveau scénario (…) Changer le scénario, c’est changer les comportements ». Il s’agit donc de développer notre capacité à construire des récits visionnaires d’un monde où tout irait mieux et partir de là. La conviction de Rob Hobkins est que l’on peut créer des milliers de récits visionnaires partout dans le monde et que c’est à l’échelle locale que le changement s’opérera.
Les concepts-clés : imagination, stress pré-traumatique et combat de l’attention
- Rob Hopkins distingue imagination, innovation et créativité :
- La créativité = production d’idées applicables à des stratégies en vue de générer des bénéfices plus importants.
- L’innovation : production d’idées qui peuvent être brevetées et commercialisées.
- L’imagination : il ne s’agit pas de mieux faire ce que l’on fait déjà mais de faire autrement.
- Le stress pré-traumatique : Rob Hopkins emprunte ce concept à la psychiatre américaine Lise Van Susteren pour décrire notre état psychique. L’anticipation d’une catastrophe écologique nous plonge dans un état d’anxiété alors même que les événements ne sont pas encore survenus. Pour Rob Hopkins, renouer avec la nature peut être un moyen de gérer cet état de stress qui nous paralyse : mettre le cerveau au repos, rêvasser, contempler, s’émerveiller pour laisser l’imagination reprendre sa place.
- Le combat de l’attention : nous passons de plus en plus de temps devant les écrans, ils accaparent toute notre attention et ne laissent plus de place à la rêverie et à la contemplation. Ils nous emprisonnent dans un état de vigilance permanente qui nous empêche de nous projeter dans l’avenir. Ils nous apportent la satisfaction de la distraction, mais la distraction est l’ennemi de l’imagination. En ne donnant pas tout ce temps d’attention aux écrans, c’est du temps disponible pour l’imagination.
La citation qu’on aime
« L’avènement du monde tel que nous voulons le vivre, tel que nous souhaitons le léguer à nos enfants, relève avant tout du travail de l’imagination, (…) de “la capacité de percevoir autrement les choses qui sont”. »
« Et si le changement que nous voulons voir en ce monde face aux plus grands défis de notre temps n’allait pas venir des gouvernements ou des grandes entreprises, mais de tout un chacun, des résidents de nos communautés, œuvrant main dans la main ? »
D’autres lectures inspirantes
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