Le livre Reinventing Organizations de Frédéric Laloux



Sorti en 2014, ce livre continue de révolutionner notre manière de voir l’entreprise et les collectivités. A juste titre puisqu’il donne des clés de lecture de n’importe quelle organisation et des différentes étapes de son évolution. Tous vers l’entreprise Opale ! 

Le pitch : L’évolution appliquée aux entreprises 

Reinventing organizations est une enquête au travers des organisations innovantes, à la recherche de leurs points communs. On découvre alors qu’il y a différents stades de maturité dans les organisations, différentes manières de penser l’organisation, et que chaque stade d’évolution dépasse le précédent. Ces stades sont représentés par des couleurs : 

  • Rouge : chefferie, métaphore de la meute de loup, comme la mafia ou les gangs
  • Ambre : organisation pyramidale, métaphore de l’armée, comme l’Eglise, les administrations
  • Orange : entreprise capitaliste, métaphore de la machine, comme Wall Street, Coca-Cola, Nike
  • Vert : ONG, métaphore de la famille, comme Ben & Jerry’s, Michel & Augustin et des ONG
  • Opale : encore peu d’exemples, métaphore de l’organisme vivant, comme Buutzorg, Favi, Morningstar…



L’auteur : Frédéric Laloux

Après des années en tant que consultant dans le grand cabinet de conseil en stratégie Mc Kinsey, il devient coach de dirigeants. Puis il décide d’aller à la rencontre des « communautés de travail inspirées » à travers le monde : ce qui donnera la base de Reinventing Organizations. Sa prise de conscience écologique l’amène avec sa femme à créer The Week, un parcours digital en groupe, inspiré de la théorie U, pour faire sa transition écologique (on recommande !). 



Pourquoi c’est Nouveaux récits ? 

L’idée qu’il y a un sens qui permette d’aller vers davantage de contribution sociétale pour les entreprises, davantage d’épanouissement et de confiance pour ceux qui travaillent, davantage de prise en compte de la personne dans sa globalité, c’est un nouveau récit ! 

Pour les entreprises, encore souvent coincées dans une vision mécaniste, passer à une organisation inspirée du vivant, où le pouvoir est distribué (vs la hiérarchie), où chacun peut changer de mission de manière fluide pour contribuer à la raison d’être de l’organisation, où les problèmes sont réglés de manière autonome par les équipes (avec l’aide de coachs parfois, mais jamais de chefs), c’est une vraie révolution ! 

Montrer que ces organisations existent déjà, qu’elles sont efficaces sur le plan de la réponse à leur raison d’être et viables économiquement, c’est permettre à chaque lecteur d’y croire et pourquoi pas de s’en inspirer pour se lancer. C’est faire émerger le monde d’après. C’est un récit qui aide le monde qui vient à advenir : la définition même d’un nouveau récit ! 



Les concepts-clés : autogouvernance, plénitude, raison d’être évolutive

Les entreprises les plus évoluées, ayant donc atteint le stade Opale, se démarquent par trois avancées majeures : 

  • L’autogouvernance : pas de hiérarchie ni recherche de consensus mais un fonctionnement efficace basé sur des relations d’égal à égal.
  • L’affirmation de soi et la plénitude : chacun est pris dans sa globalité (« wholeness »), y compris ses émotions, ses intuitions et même sa part spirituelle. C’est la condition de la plénitude. 
  • La raison d’être évolutive : les organisations Opale ont une conscience claire de la direction dans laquelle elles vont. Elles ne cherchent pas à prévoir et maîtriser l’avenir mais essaient de sentir ce à quoi elles doivent répondre dans le monde qui vient (une idée qui fait écho à la théorie U).

A noter : le rôle du dirigeant est clé dans la transition vers l’entreprise Opale ou dans la création d’une entreprise Opale… même si ensuite, son rôle est réduit. Difficile voire impossible de passer en force sans sa franche adhésion : il doit incarner le changement. 



La citation qu’on aime 

« Le renouveau de notre vision du monde (ndlr : dans une société Opale) entraînera aussi la transformation d’activités humaines absolument fondamentales comme l’agriculture, l’enseignement, la prise en charge des malades et l’administration de la justice, pour n’en citer que quelques-unes. L’agriculture intensive reculera devant le progrès de pratiques culturales biologiques avancées. Dans le domaine de l’éducation, la définition étroite que nous donnons aujourd’hui à la connaissance (analytique, cerveau droit) cèdera probablement la place à une approche plus holistique, dans laquelle l’apprentissage englobera le corps, les émotions, les relations, la nature et l’esprit. Les écoles et les universités, qui sont aujourd’hui des usines à formater de manière quasi industrielle des élèves et des étudiants, se réinventeront sans doute de fond en comble de façon à ce que chacun soit co-créateur d’un parcours d’apprentissage qui n’appartient qu’à lui. Il est raisonnable aussi de d’imaginer que les hôpitaux et les pratiques médicales changeront fondamentalement, en adoptant une vision plus spirituelle de la prise ne charge et en intégrant le meilleur des médecines traditionnelles et alternatives. »

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