Lexique des nouveaux récits

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A

American way of life : style de vie venue des Etats-Unis, dominant en Occident depuis la seconde guerre mondiale, qui promeut la réussite sociale basée sur la consommation de biens et la liberté individuelle. L’accord Blum-Byrnes (1946) outre l’aide financière qu’il accordait à la France, imposait l’obligation de projeter des films américains dans les salles de cinéma françaises. 

Anthropocène : c’est l’époque de l’histoire de la Terre (dans laquelle nous sommes) au cours de laquelle les activités humaines ont un impact significatif et global sur le système planétaire. Ce terme ne fait pas consensus dans la communauté scientifique des géologues. Il existe beaucoup d’autres termes pour qualifier notre époque comme la Post-Modernité ou le Capitalocène. 

Anti-fragilité : c’est la propriété des systèmes, des organisations ou des organismes qui se renforcent lorsqu’ils sont exposés à des facteurs de stress, des chocs, ou des échecs. C’est un concept développé par le Professeur Nassim Nicholas Taleb dans son livre Antifragile. Ce concept va au-delà de la résilience (résister aux crises) car il évoque le possible renforcement consécutif aux crises. 

Archétype : modèle universel à partir duquel on construit un sujet particulier (en philosophie, littérature, art…). L’archétype est une idée générale qui circule dans une culture sur un sujet. Il n’est pas forcément fiable. On peut parler de l’archétype de la réussite sociale, de l’archétype de la maison individuelle, des vacances… etc. 


B

Backlash :  ou « retour du bâton » désigne les réactions des parties conservatrices et masculinistes de la société face aux progrès des droits des minorités et en particulier ceux des femmes. Par extension, on l’utilise aussi pour désigner la réaction face aux avancées écologiques. 

Bascule des imaginaires : moment où les imaginaires dominants (surconsommation, American way of life, tourisme de masse…) sont remplacés par d’autres imaginaires plus durables, plus justes et plus heureux. 

Biodiversité : ensemble des êtres vivants présents dans un écosystème. C’est une manière de mesurer la densité du vivant sur un lieu.

Biomimétisme : imitation des processus mis en oeuvre par la nature. Le biomimétisme permet parfois des innovations techniques. Il comprend de nombreux principes aussi bien techniques qu’éthiques comme l’efficacité énergétique, l’optimisation des ressources, le transport efficient, la gestion de l’eau et les déchets, la biodégradabilité.


C

Chambre d’écho :  situation dans laquelle l’information, les idées, ou les croyances sont amplifiées ou renforcées par la communication et la répétition des mêmes messages. Les algorithmes des réseaux sociaux renforcent ces chambres d’écho où l’on est exposé seulement aux messages avec lesquels on est d’accord.

Collapsologie : courant de pensée transdisciplinaire, apparu dans les années 2010, qui envisage les risques, causes et conséquences d’un effondrement de la civilisation industrielle.

Collapsosophie : c’est la sagesse et les principes éthiques dont nous avons besoin pour faire face à la fois aux perspectives d’effondrement mais aussi s’adapter concrètement aux effondrements. Les explorateurs de ce monde concerné par les effondrements (donc nous !) sont appelés des collapsonautes. 

Communs  : ce sont des ressources partagées et gérées collectivement par une communauté qui établit des règles dans le but de préserver et pérenniser ces ressources. Les  membres de cette communauté peuvent les utiliser. Ces ressources peuvent être naturelles (une forêt, une rivière), matérielles (une machine-outil, une maison, une centrale électrique) ou immatérielles (une connaissance, un logiciel). C’est donc un nouveau récit qui redéfinit la propriété et l’usage. 

Communication non violente (CNV) :  méthode de communication formalisée par Marshall B. Rosenberg. Selon son auteur, ce sont « le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d’en faire autant ». La CNV est une des clés du vivre ensemble.

Consommation de masse et surconsommation : désigne le fait que dans nos sociétés occidentales, la grande majorité des consommateurs disposent d’un pouvoir d’achat leur permettant d’acheter des biens et des services en quantité importante, bien au-delà de la satisfaction de leurs besoins vitaux.

Convivialité : selon Ivan Illich, la convivialité est la qualité d’une société ou d’une organisation moderne mais non dominée par l’industrie. La convivialité d’un outil, d’une organisation ou d’une institution est garantie par 3 critères : elle ne doit pas dégrader l’autonomie personnelle en se rendant indispensable ; elle ne suscite ni esclave, ni maître ; elle élargit le rayon d’action personnel.

Coopération : forme d’organisation collective qui cherche à construire une vision partagée des différents acteurs, dans un esprit d’intérêt général, au service de toutes les parties prenantes.


D

Déconstruction : mouvement ayant pour but de remettre en cause un grand nombre, sinon la totalité des a priori de la société occidentale, notamment en ce qui concerne les relations entre les cultures et entre les sexes, dans le but d’éliminer le sexisme et le racisme tous toutes leurs formes, dans la sphère publique comme dans la sphère privée. La déconstruction peut être élargie à bon nombre de normes sociales qui conduisent à la destruction du vivant ou du lien social. 

Décroissance : selon l’économiste Thimothée Parrique, c’est  « la réduction planifiée et démocratique de la production et de la consommation dans les pays riches, pour réduire les pressions environnementales et les inégalités, tout en améliorant la qualité de vie ». Il insiste sur quatre caractéristiques : « La soutenabilité, la justice, le bien-être et la démocratie. » 

Désirabilité : est désirable ce qui fait envie. Un nouveau récit est par définition désirable. 

Dissonance cognitive : fait référence à un état de tension mentale éprouvé lorsqu’il y a un conflit entre nos pensées, nos valeurs et nos actions. La dissonance cognitive est ressentie par exemple quand on prend l’avion alors qu’on a des convictions écologiques ou qu’on mange de la viande alors qu’on est anti-spéciste. 

Durable ou durabilité : est qualifié de durable à la fois ce qui peut durer dans le temps grâce à sa qualité mais aussi ce qui peut être maintenu longtemps sans épuiser des ressources.  Le développement durable est une conception du développement économique qui intègre les contraintes environnementales et sociales. 


E

Ecoanxiété (ou éco-émotions) : c’est l’émotion désagréable ressentie face à la destruction du vivant ou face à la destruction en cours de notre environnement. Elle fait partie du large panel d’éco-émotions, ces émotions qui nous relient au monde dans lequel on vit. Plutôt qu’éco-anxiété qui peut être interprété comme une réaction individuelle et/ou disproportionnée, certains préfèrent les termes d’éco-empathie, éco-sensibilité ou éco-lucidité.

Economie circulaire :  c’est une économie qui fonctionne en boucle, abolissant ainsi la notion de « déchet ». Son objectif est de produire des biens et services tout en limitant fortement la consommation et le gaspillage des matières premières, et des sources d’énergies non renouvelables. La circularité préconise que l’homme doit s’inscrire dans un système écologique cyclique capable d’une reproduction continue de toute forme matérielle.

Economie extractiviste : économie basée sur l’extraction de matières premières minérales, végétales ou animales. Cette économie a pour conséquence l’appauvrissement du milieu et elle n’est donc pas soutenable. 

Effet rebond ou effet boomerang : l’effet rebond désigne un accroissement de la consommation provoqué par la réduction des limites qui étaient jusque-là posées à l’usage d’un bien, d’un service ou d’une technologie. Le surcroît de ressources dégagé est alors utilisé pour une surconsommation du même produit, ou bien pour la consommation d’autres produits. Ex : l’arrivée d’ampoules économes en énergie n’a pas pas créé autant d’économies que prévu car on a éclairé davantage. 

Effondrement :  théorie selon laquelle des populations végétales et animales, voire des écosystèmes, sont voués à disparaître du fait d’une surexploitation qui excède leur résilience, entraînant la perte des services écosystémiques et un effondrement de la civilisation qui dépend de ces services. L’effondrement est considéré comme probable voire inévitable par les collapsologues. Il peut prendre la forme d’un effondrement global mais aussi de crises plus locales, circonscrites mais répétées (pénuries, crise de l’énergie, guerres…). Face à cette perspective, plusieurs postures sont possibles : les adeptes d’une transition progressive et concertée, ceux qui prônent la révolution, ceux qui se préparent à survivre (les survivalistes). 


F

Facilitation : ensemble de fonctions qui sont exécutées avant, pendant et après une rencontre pour aider un groupe à atteindre ses objectifs. Les facilitateurs utilisent des méthodes, une posture et des outils pour aider le groupe à avancer. 

Fresque (du climat, de la biodiversité, du numérique…) : type d’atelier de sensibilisation collectif et participatif qui consiste à organiser des cartes les unes par rapport aux autres. L’objectif est de comprendre les notions importantes sur un sujet mais aussi le caractère systémique de ce sujet. 


G

Gouvernance partagée : regroupe plusieurs modes de structuration des prises de décisions et de leur mise en œuvre dans une organisation ou un collectif, visant à réduire ou à supprimer la concentration des pouvoirs entre les mains d’un petit nombre de personnes, pour les répartir entre celles et ceux qui réalisent vraiment le travail. On y privilégie les relations de coopération et l’autonomie des membres (ce qui va avec plus de responsabilité). Elle n’est pas nécessairement synonyme de « gouvernance horizontale ». La sociocratie est un type de gouvernance partagée. Elle utilise certaines techniques comme l’élection sans candidat, et la prise de décision par consentement. L’holacratie est un autre type de gouvernance partagée, qui met l’accent sur l’agilité. 

Greenwashing : ou écoblanchiment, c’est un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation pour se donner une image trompeuse de responsabilité écologique. Il peut prendre bien des formes comme : 

  • le mensonge pur et simple ;
  • la promesse disproportionnée ;
  • l’usage de termes vagues ;
  • le manque de transparence, d’informations ;
  • des visuels trop suggestifs par rapport au produit réel ;
  • le faux écolabel (autoproclamé et ne correspondant à aucun référentiel) ;
  • une mise en avant de pratiques durables sans rapport avec le produit ;
  • des allégations sans preuves ;
  • une fausse exclusivité, alors que l’entreprise ne fait que respecter la loi.

Il existe bien d’autres modes de procédés marketing douteux comme le pinkwashing (engagement en faveur des LGBT+), purplewashing (relatif à l’égalité homme femme), redwashing (en faveur de l’égalité sociale).


I

Infobésité : la surcharge informationnelle, surinformation ou infobésité, est l’excès d’informations qu’une personne ne peut traiter ou supporter sans se nuire à elle-même ou à son activité. 

Intelligence collective : idée selon laquelle une équipe de personnes coopérantes peut résoudre des problèmes plus efficacement que lorsque ces personnes travaillent chacune de leur côté.


J

Justice sociale : principe moral et politique qui vise à l’égalité des droits et conçoit la nécessité d’une solidarité collective entre les personnes d’une société donnée.


L

Limites planétaires : les seuils que l’humanité ne devrait pas dépasser pour ne pas compromettre les conditions favorables dans lesquelles elle a pu se développer et pour pouvoir durablement vivre dans un écosystème sûr, c’est-à-dire en évitant les modifications brutales et difficilement prévisibles de l’environnement planétaire. Ce concept a été proposé par une équipe internationale de vingt-six chercheurs et publié en 2009. Il en existe neuf, dont huit sont chiffrées par les chercheurs : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, les changements d’utilisation des sols, l’acidification des océans, l’utilisation mondiale de l’eau, l’appauvrissement de la couche d’ozone, l’introduction d’entités nouvelles dans l’environnement (pollution chimique) et l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère. Six d’entre elles sont déjà franchies.


M

Minimalisme : mode de vie qui met l’accent sur la simplicité, la conscience et la qualité plutôt que sur la quantité et la possession d’objets matériels.

Monnaie locale : monnaie complémentaire à l’euro, qui circule sur un périmètre défini et permet d’échanger certains biens et services. L’avantage ? La monnaie locale ne peut pas être thésaurisée, elle ne génère aucune spéculation et elle est au service de l’économie locale qu’elle favorise. 


N

Noosphère : ensemble des pensées humaines selon Pierre Teilhard de Chardin. Aujourd’hui, la noosphère a un impact sur l’atmosphère (climat) et la biosphère. 

Normes sociales : règles perçues, informelles et pour la plupart non écrites qui définissent les actions acceptables et appropriées au sein d’un groupe ou d’une communauté. Les récits dominants d’une société déterminent ces normes sociales qui elles-mêmes déterminent nos comportements. 

Nouveaux récits : récits alternatifs aux récits dominants actuels, qui ont pour vocation d’aider un monde plus durable, plus juste et plus heureux à émerger. On parle aussi parfois de nouveaux imaginaires. 

Nouveaux imaginaires : voir nouveaux récits. Les nouveaux imaginaires sont davantage employés dans le milieu de la création (films, jeux vidéos, art…) alors que le terme nouveaux récits et davantage utilisé dans le milieu citoyen (politique, communication RSE…).


P

Peine écologique : la peine écologique peut être liée à la destruction physique d’êtres ou de milieux, à la perte des savoirs liés à ces milieux ou à la perte d’un futur anticipé (on parle même de stress pré-traumatique). 

Permaculture : système de culture intégré et évolutif s’inspirant des écosystèmes naturels. C’est également une démarche éthique et une philosophie qui s’appuient sur trois piliers : « prendre soin de la Terre, prendre soin des humains et partager équitablement les ressources ». 

Point de bascule social :  ou “tipping point”, désigne un point dans un système social où un petit changement quantitatif peut déclencher des changements rapides et non linéaires. Le point de bascule est une source d’espoir pour accélérer les changements nécessaires vers un monde plus juste, plus durable, plus heureux. 

Polarisation de la société :  le Radicalisation Awareness Network (RAN) de l’Union Européenne fait référence à « un processus où les groupes de la société deviennent adversaires lorsqu’il y a une division psychologique prononcée entre “eux et nous”. L’aliénation et les confrontations s’accroissent, ce qui engendre un climat politique où les préjudices, les discours de haine et même les crimes de haine prolifèrent » (RAN 2017).

Possitopies ou protopies : récits qui ouvrent des possibles et offrent une perspective d’amélioration réaliste de plein de façons différentes. Ces récits aident à se projeter au-delà de ce que nous perdons et à anticiper ce qui peut émerger.


R

Régénératif : capable de restaurer ou de renouveler un état, une fonction ou une structure après une altération ou une dégradation. On parle d’agriculture régénérative (du milieu) mais aussi de modèle régénératif pour les entreprises, dont l’objet est non seulement de limiter leurs impacts négatifs mais de contribuer à l’amélioration du milieu naturel et du tissu social. 

Résilience : capacité d’un organisme, d’une organisation ou d’un système à survivre aux crises, à surmonter les chocs traumatiques. La résilience est souvent liée à la capacité d’adaptation et à la non-centralisation. 

Responsabilité sociale et environnementale (RSE) :  selon la Commission Européenne. Il s’agit de “l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes.”


S

Scénarios 2050 de l’ADEME : pour atteindre la neutralité carbone en 2050, l’ADEME a imaginé 4 scénarios différents qui correspondent à des choix de société distincts : génération frugale, coopérations territoriales, technologies vertes et pari réparateur. Ces 4 scénarios sont des outils pédagogiques qui méritent de se compléter les uns les autres dans la réalité.  

Sobriété heureuse : mode de vie qui passe par la modération de nos besoins et désirs, prôné par Pierre Rabhi. La reconnexion au temps long et à la terre y occupent une place prépondérante. 

Solar punk : mouvement artistique et politique qui encourage une vision optimiste de l’avenir à la lumière des préoccupations environnementales actuelles. Il mêle énergies renouvelables, technologies douces et permaculture dans une esthétique nouvelle. 

Stéréotypes : opinion toute faite réduisant les particularités. Les stéréotypes de genre par exemple créent des injonctions qui déterminent une partie de nos comportements individuels. 

Syndrome de séparation : syndrome dont nous souffrons dans les sociétés occidentales, qui se caractérise par la pensée que nous sommes séparés de la nature. Historiquement, cette séparation s’est accentuée à partir de la Renaissance. Ce syndrome est à l’origine de notre rapport d’exploitation face au monde mais aussi d’une forme d’isolement et de mal-être.


T

Technosolutionnisme : c’est la confiance dans la technologie pour résoudre un problème souvent créé par des technologies antérieures. Selon ce concept, tous les problèmes pourraient trouver des solutions dans des technologies meilleures et nouvelles. Le technosolutionnisme est souvent avancé pour éviter de se confronter à la nécessaire sobriété dont nous allons devoir faire preuve. 

Théorie du donut : cadre visuel inventé par Kate Raworth pour la durabilité de l’économie présenté sous forme de beignet, combinant le concept de limites planétaires avec celui, complémentaire, de frontières sociales ou du plancher social. C’est l’espace sûr dans lequel devrait se situer l’économie. 

Théorie U : méthode pour aider les organisations ou les individus à se transformer en harmonie avec les personnes et les besoins du monde. La transformation suit la courbe du U avec un déclic, une descente inconfortable, une connexion au monde qui vient appelée “presencing”, puis une méthode de prototypage et de mise en action. 

Trois R :  stratégie de gestion des produits en fin de vie et des déchets qui en découlent, sur 3 axes : 

  • Réduire la quantité de produits qui arrivent en fin de vie 
  • Réutiliser des produits ou certaines de leurs parties qui deviendraient autrement des déchets 
  • Recycler les matières premières.


V

Villes en transition : mouvement social qui rassemble des groupes animant dans leur commune une initiative de transition. Ce processus implique la communauté  locale et vise à assurer la résilience de la ville face au double défi que représentent le pic pétrolier et le dérèglement climatique. Ce mouvement est né sous l’impulsion de Rob Hopkins en Angleterre à Totnes. 

Vivant : sert à nommer l’ensemble de tout ce qui vit sur terre, qu’il s’agisse d’individus végétaux ou animaux. La reconnexion au vivant est nécessaire pour habiter le monde respectueusement. On parle parfois de “vivants autres qu’humains” ou de “vivants non humains” pour considérer les autres espèces comme aussi valables que la nôtre. 

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