Ralentir ou périr / Timothée Parrique

La croissance infinie dans un monde aux ressources finies, c’est tout simplement impossible. On le sait depuis le rapport Meadows en 1972. Mais comment sortir du dogme de la croissance ? Qui mieux qu’un économiste pour parler de post-croissance et même de décroissance ? Avec ce livre, on parle sérieusement du sujet pour avoir des arguments concrets et des éléments de réflexion. Bien loin des réactions épidermiques que la décroissance peut générer. Une lecture nécessaire ! 


Le pitch : déboulonner la croissance 

La croissance est-elle nécessaire pour financer les services publics et la transition écologique ? Et si c’était l’inverse qui se jouait ? Et si en repensant totalement nos économies, on pouvait produire moins mais assurer davantage de bien-être pour les humains et plus de soutenabilité pour notre planète ? En s’appuyant sur des données et des exemples, ce livre nous invite à sortir des clichés sur la croissance et sur la décroissance pour envisager une économie qui serait vraiment au service de nos vies. 


L’auteur : Timothée Parrique, économiste de la décroissance 

Timothée Parrique est chercheur en économie. Il a travaillé en Suède et est aujourd’hui chercheur à HEC Lausanne. En tant qu’économiste, il s’est spécialisé dans la post-croissance ou la décroissance. Ses démonstrations rigoureuses et son style très accessible font de lui un ambassadeur de la décroissance écouté : il intervient régulièrement lors de conférences ou de débats. 


Pourquoi c’est Nouveaux récits ? 

La croissance est sans doute un des dogmes les plus puissants de nos sociétés occidentales. Elle constitue une norme qui influence tout dans nos vies. On cherche à gagner toujours plus, à avoir une carrière ascendante, on imagine que nos enfants auront plus que nous… Et dans le même temps, on sait que la croissance n’est pas soutenable. 

Proposer la décroissance comme alternative est donc du bon sens, mais elle génère souvent un effet repoussoir. La prouesse de Timothée Parrique est de rendre la décroissance désirable : c’est l’exacte définition d’un nouveau récit. Car pour lui la décroissance ne signifie pas pauvreté, ennui, déclassement. Mais plutôt plus de temps, plus de liens, plus de place accordée aux besoins essentiels (nourriture de qualité, santé, apprentissage…). Le monde qu’il décrit (et dont il fait la démonstration, chiffres à l’appui), paraît enviable et possible. Et il est l’un des premiers à porter cette parole. Les ventes de ce livre (plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires) montrent quel écho cette parole rencontre. 


Les concepts-clés : décroissance, découplage 

La décroissance, contrairement aux idées reçues, n’a rien à voir avec la récession, cette contraction subie de l’économie. La décroissance, c’est pour Timothée Parrique « la réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique planifiée démocratiquement dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être. » Il s’agit donc d’une économie pilotée et organisée collectivement. Pour lui, la croissance, mesurée par le PIB, n’est qu’une manière de voir l’agitation d’une économie, en aucun cas de mesurer son résultat (faire fonctionner correctement une société donnée). La société de décroissance serait alors « une économie stationnaire en relation harmonieuse avec la nature où les décisions sont prises ensemble et où les richesses sont équitablement partagées afin de pouvoir prospérer sans croissance. »

Au passage, il fait un sort au découplage. Cette idée selon laquelle on pourrait continuer à faire croître l’économie tout en faisant décroître le CO2, la consommation de ressources et la pollution est un mythe. Cette idée n’est pas généralisable à l’échelle d’une économie et impossible à faire durer. Le découplage impossible ressemble à la « croissance verte », deux manières de continuer sans rien changer de fondamental dans nos économies (ce que les faits confirment). 

On aime aussi le titre « Ralentir ou périr » qui prend le parti d’associer décroissance et ralentissement. Car finalement, la décroissance n’est pas tant un renoncement qu’un ralentissement de l’agitation économique. Une manière de voir les choses un peu décalante qui nous semble propice à créer du désir. Car qui ne rêve pas de ralentir 


La citation qu’on aime 

« Le véritable défi de ce début de siècle, est d’inventer un système économique qui assure « le bien-être pour tous dans les limites de la planète », la phrase phare du dernier rapport du GIEC. On pourrait aussi dire après Serge Latouche « l’abondance frugale dans une société solidaire ». Une économie joyeuse, non violente, participative, résiliente, juste et soutenable. Une économie centrée sur la qualité et non plus sur la quantité, où la convivialité l’emporte sur la productivité. Contre l’hubris et la démesure, la tempérance et la parcimonie ; contre la compétition et l’accélération, la coopération et la résonance ; contre la domination et l’exploitation, l’autonomie et la sollicitude. Une économie qui satisfait le plus simplement possible sa fonction d’économie (une coordination parcimonieuse de notre contentement) sans coloniser le reste de la vie sociale et sans détruire le vivant. » 

Et pour finir, les derniers mots du livre : « J’arrête ici. Car c’est l’heure de la sieste. »

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